Ton arrivée se fait d’abord silencieuse, dans l’ombre du secret, car en réalité tu commences bien avant qu’on le sache réellement. Bien avant le « + » sur le test de grossesse. Et c’est d’ailleurs bien à l’image de tout ce qui va se dérouler durant toute cette période si mystique et secrète dans la vie d’une femme.
Si vous voulez tester votre capacité à lâcher-prise et faire confiance à la vie, tombez enceinte, vous verrez c’est un bon test !
COTE CORPS
On m’avait prédit un catalogue de symptômes à supporter lors de ces trois premiers mois à traverser. Je n’ai quasiment rien eu de tout cela.
ni nausées,
ni vomissements,
ni grosse fatigue,
ni douleurs insurmontables,
ni aversions pour certains aliments ou odeurs,
ni malaises…
Enfin si peu (3 jours premiers jours, c’est d’ailleurs ce qui m’a mis la puce à l’oreille, même si je ne voulais pas y croire), que je ne peux pas parler de vrais symptômes.
Ca sera d’ailleurs le début des mythes et des croyances bien ancrées sur la grossesse véhiculées depuis ma plus tendre enfance.
J’aurais presque souhaité être plus impactée par ces symptômes qui sont la preuve qu’il se passe réellement quelque chose d’inhabituel en moi. Ca aurait eu le mérite de me rassurer.
Moi je n’avais rien, comme si de rien était, j’ai continué ma petite vie tranquillement. A travailler, à faire mes allers-retours entre Lyon et Paris, pas plus fatiguée qu’un mois d’hiver. Je m’écroulais tout de même dans le train, morte de sommeil… Mais rien de plus.
Je me demandais même si c’était normal, si je n’avais pas un souci, car elles le disent TOUTES : "Les 3 premiers mois c’est la cata !"
J’aurais souhaité faire une prise de sang pour doser la fameuse hormone de grossesse toutes les semaines et observer de manière pragmatique et tangible une évolution certaine, et donc l’existence de ce que je ne peux ni sentir ni observer au quotidien. J’en ai fait 2 en 2 semaines, comme pour me confirmer que je n’étais pas en train de rêver.
COTE TÊTE
Est-ce que tout ça est bien réel ? Ai-je le droit d’espérer, de m’attendrir, d’y croire, de me projeter alors que tout est si incertain durant ces premières semaines ?
Si ça se trouve, tout est déjà fini, arrêté à l’intérieur, et je ne le sais même pas.
Cette pensée m’a hanté durant des semaines.
J’ai renoncé à l’échographie durant la première semaine suivant le test positif, conseillée par des amis médecins qui m’ont assuré que si on ne voyait rien, ça pouvait être plus stressant qu’autre chose.
Les restrictions alimentaires, les nombreux rendez-vous médicaux dès les premières semaines, les analyses de sang et d’urine. J’avais l’impression d’être auscultée sous le moindre aspect. Moi qui n’ai jamais été malade, je n’ai jamais passé autant de temps avec le corps médical. Pas malade quand on est enceinte ? Oui, oui…
A aucun moment lors de ces rendez-vous on m’a demandé comment je me sentais. A aucun moment on a abordé mes besoins, mes attentes, mes émotions, alors que j’avais besoin d’être écoutée, soutenue.
Dans ce grand inconnu, je m’en remettais aux professionnels. Je ne me suis jamais sentie aussi vulnérable et fragile qu’à cette période – mais sans réellement en prendre conscience non plus. Je naviguais dans une masse d’instabilité et d’incertitudes, sans savoir quoi faire.
Après le test positif je me suis sentie lâchée dans la nature. Quoi faire maintenant ?
Sur internet, peu d’infos sur le premier trimestre passé sous silence. Comme si c’était trop tabou d’en parler, c’est d’ailleurs le cas, puisque beaucoup n’en parle pas. Il y a donc finalement peu de contenus à ce sujet.
Je trouvais plus d’informations sur le quatrième trimestre (une fois que bébé est là) que le premier ! Ca m’a énervé ! Je me suis sentie seule, extrêmement seule et démunie. J’avais besoin de lire, d’être accompagnée. De savoir, de me préparer à ce qui était en train de se passer à l’intérieur de moi, et ce qui allait venir ensuite.
Pas des connaissances sur la biologie du développement du fœtus et tous les changements internes, ça il y en a presque trop !
Non des partages sur la psychologie de ce moment si particulier, si unique et bouleversant. Des connaissances sur ce qu’il était en train se passer au niveau de mes émotions, de ce basculement intérieur impressionnant et terrifiant qui était en train de se produire en ce moment même. Et ça, je ne l’ai trouvé nulle part.
COTE CŒUR
Les deux premiers mois ont été teintés d’une certaine violence intérieure.
J’avais l’impression de basculer, de glisser, dans une autre dimension de moi-même et de ma vie. L’incertitude, le silence des symptômes, je marchais sur des sables mouvants.
Comme si je traversais un brouillard épais, un tourbillon identitaire, je ne me reconnaissais plus tout à fait.
J’ai eu beaucoup de mal à accueillir toutes les émotions contradictoires et complexes qui m’ont traversé. J’ai été stressée, irritable, agacée. Ces deux premiers mois ont fait ressortir de la colère, sans comprendre vers quoi elle était dirigée.
Dans mon couple, le futur papa est d’un soutien sans limite – enfin presque ! Parfois, c’est trop pour lui, il se fait passer trop souvent en second plan. Toute son énergie et son attention dédiées à mes besoins pour que je me sente bien. Et j’en ai eu besoin durant ces 2/3 premiers mois, tant j’étais incapable de prendre soin de moi-même submergée par trop d’émotions et de peurs.
Lui, il est très confiant et serein. Cette grande étape le bouscule sur le sens qu’il souhaite donner à sa vie et transmettre à son bébé. Le mois de Décembre sera l’objet de remise en question concernant son travail et son quotidien.
COTE BÉBÉ
Après 4 semaines d’attente, j’ai fini par craquer et faire cette première écho, ne pouvant sérieusement pas patienter 1 mois de plus pour atteindre la fameuse date des 3 mois et de la première échographie officielle.
Ce fût le moment où tout a réellement commencé pour moi. Magique. Il y a ce petit haricot de vie à l’intérieur de moi. On y aperçoit déjà la tête, le corps et les pieds.
Son petit cœur qui bat comme une petite lumière qui clignote et qui chante « je suis là ».
On a pleuré comme des madeleines. Juste 2 minutes à t’apercevoir, et une journée à planer. Merci d’être là, merci d’être venu, merci la Vie.
Puis, la seconde écho, celle après les 3 premiers mois a fini par me rassurer presque définitivement. Tu es bien là. On a passé les 3 mois tant redoutés ! Tu es magnifique. Toi aussi on t’ausculte sous toutes les coutures, c’est impressionnant, tout est déjà là. Tous les organes de la tête aux pieds, on peut tous les voir !
Déjà, si vite, comme un vrai petit être humain au bout de quelques semaines seulement. Il restera à bien tout développer au fil des semaines et des mois.
Assurément les échographies sont les moments les plus émouvants, des larmes d’émerveillement et des sourires béats à chaque fois. Ca fait du bien de te voir mon cœur.
Premier trimestre : trimestre du bébé
J'ai appris après avec ma doula (@doulamama accompagne les futurs parents pendant la période de la périnatalité au niveau émotionnel et énergétique) que le premier trimestre est appelé "trimestre du bébé".
Tout notre corps et notre énergie sont tournés vers lui pour lui permettre d'avoir tout ce dont il a besoin pour se développer - quitte à mettre la maman en carence d'ailleurs. Une machine incroyable se met en place à l'intérieur, qui travaille nuit et jour sans arrêt, pour lui permettre de prendre place et de développer tout son petit corps. Jamais dans l'histoire de notre corps, celui-ci sera autant mobilisé. C'est donc normal d'être complètement chamboulée physiquement et émotionnellement.
ET LES AUTRES AUTOUR DE MOI ?
Je n’ai pas tenu 1 semaine avant de l’annoncer à ma famille. Je ne vois pas comment il était possible de partager depuis toujours mes plus grandes joies, mes plus grandes réussites – le BAC, le permis, mes aventures de voyage, mes amours – et mes frustrations, mes peines, mes déceptions ; et cacher une nouvelle pareille !
Il n’y a pas plus grande nouvelle dans toute ma vie, évidemment que je vais la partager.
Même si cette grossesse n’aboutit pas – et j’en sais quelque chose sur les risques puisque ma mère a perdu un enfant très tard dans sa grossesse - au moins je serais soutenue, entourée, comprise et épaulée.
Je ne pensais pas être aussi impactée par la réaction des uns et des autres. Plus j’avance et plus je m’aperçois que j’ai un tas d’attentes et de fantasmes à propos de cette étape de vie. Que les réactions soient figées et silencieuses, ou exaltées et enthousiastes, j’ai l’impression de parler de quelqu’un d’autre que moi lorsque j’annonce que « je suis enceinte ». Que ça ne me concerne pas vraiment.
Comment assimiler la réaction des autres alors que j’ai encore du mal à intégrer en moi-même cette annonce ?
Peut-être que ces 3 mois d’attente, de silence, permet aussi de digérer la nouvelle petit à petit. De la faire sienne.
Pour l’instant elle n’a réellement de sens pour moi que dans le cocon douillet et intime de mon couple. C’est encore dans cet espace que j’arrive à me connecter au mieux à ma grossesse.
Merci premier trimestre...
D'avoir été confortable physiquement
D'avoir confirmé la stabilité et la force de notre couple
D'avoir pris soin de ce bébé qui grandit à merveille
De m'avoir permis de continuer mes activités normalement - elles sont si nourrissantes pour moi
De m'avoir fait basculé dans une autre dimension de moi-même, une transformation forte mais nécessaire
Marion Soeur-Warain
Hypnothérapeute certifiée en Hypnose Humaniste, Thérapie Symbolique et HypnoNatal ®
Thérapeute Danse Intuitive, l'intelligence du corps en mouvement
Auteure "Les routes de la liberté" City Ed.
J'accompagne principalement des femmes qui cherchent à (re)trouver le chemin qui mène à leur véritable identité. A recontacter qui elles sont profondément, à s'épanouir et à s'accomplir pleinement.
Danseuse depuis mon plus jeune âge, la danse-thérapie a été une réelle révélation pour me reconnecter à mon corps en conscience. Se laisser guider, traverser, par mes émotions, mes sensations à travers le mouvement est encore aujourd'hui l'une des plus belles façons de contacter mon intuition et exprimer librement qui je suis.
Hypnose Humaniste, Thérapie Symbolique & HypnoNatal ® Prendre rendez-vous à Paris-Vincennes ou à Lyon-Vernaison
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